Les travaux de rénovation du clocher
EGLISE SAINT MARTIN DE LABBEVILLE
Avant de
détailler ces travaux, il nous semblait intéressant de situer notre église dans
son contexte historique quasi millénaire. Nous disposons à cet effet de l’étude préalable à la restauration de
l’église St Martin de Labbeville, réalisée en décembre 2017 par Eric
BARRIOL, architecte du patrimoine, sur la base des travaux menés par des
d’historiens tels Jean BERAUD-VILARS ou Louis MASSIGNON. Le curieux pourra
également consulter avec profit Wikipédia et les Archives Départementales.
L’église est
ancienne puisqu’elle a été construite en 1066 par le seigneur Dreux. Construit
en pierre calcaire, le bâtiment comporte à l’origine une nef et deux bas-côtés.
Depuis, il a subi de nombreux remaniements, dont le plus important l’a amputé
de son bas-côté sud à la suite de l’incendie de 1821.
L’église et le
village de Labbeville sont intimement liés à l’Eglise le nom du village qui
remonterait au 7 ou 8ème siècle et serait lié à une villa ou une
ferme appartenant à l’abbaye de St Denis, ce qui aurait donné Labbeville (la
ville de l’abbé). Les Archives Nationales portent la trace d’un Nicolas curé en 1159.
En 1265, Geoffroy de la Chapelle vend son fief de Mézières à l’Hôtel
Dieu de Pontoise ; la moitié du territoire de Labbeville appartient alors
à des ordres religieux.
En 1475, l’abbaye du Bec-Hellouin et l’évêque de Rouen se disputent le
bénéfice de la chapelle Saint Jacques, située à l’extérieur du bas-côté droit (sud).
Elle avait son desservant particulier, dépendant de l’évêché de Rouen, tandis
que le curé de Labbeville dépendait de l’abbaye du Bec-Hellouin via celle de
Conflans. La chapelle tomba en ruines au XVIIe siècle et n’existait plus en
1738. L’archevêché perdra son procès en 1524.
En 1591, Michel Dufour, curé de Labbeville et ardent ligueur, est en
conflit avec le seigneur de Brécourt qui penchait vers le protestantisme. Il
doit quitter le village et se réfugier à Pontoise, qui lui réclamera un écu
pour l’avoir hébergé.
Jusqu’à la fin du XVIe siècle, l’église devait être voûtée en
planches. Par respect, une grille
séparait les femmes (nef) des hommes (chœur).
En 1762, Etienne Devigne, successeur de l’abbé de la Houe, meurt le 27
avril d’une épidémie éprouvant alors le village (20 décès en quelques mois). La
messe est alors dite tantôt par le curé d’Hérouville, tantôt par un capucin de
Pontoise.
Pendant la Révolution, des épitaphes des gens d’importance inhumés dans le sanctuaire seront détruites.
Le début du 19ème siècle verra le rattachement des curés de
Labbeville à l’évêché de Versailles, alors qu’ils dépendaient précédemment de
l’archevêché de Rouen.
En 1821, le bas-côté droit (sud) et le clocher de l’église sont
détruits par un incendie. Seul le clocher est reconstruit en 1862, probablement
pas dans sa forme originale et les sondages l’ont démontré, avec des matériaux
de piètre qualité ; contraintes budgétaires obligent !
Tout au long des 19ème et 20ème siècle, nos
prédécesseurs n’auront de cesse de réunir les capitaux nécessaires aux
réparations de notre église. Ce fut bien entendu le cas après l’incendie de
1821, mais nous trouvons trace de nombreuses autres demandes de subventions.
Les échanges entre les municipalités successives et l’administration semblent
indiquer que les crédits n’étaient pas plus abondants alors qu’aujourd’hui. A
tout le moins, ils n’étaient pas plus faciles à obtenir.
En 1854, le conseil municipal autorise l’échange entre un terrain de 20 ares 40 centiares à prendre
à « la suite
d’un jardin clos
de murs, propriété
de M. Victor Jorelle, maire, et son épouse, et
l’emplacement de la sente de Biard entre la propriété Jorelle et celle close de
murs de Mme Lahure pour l’emplacement
d’un nouveau cimetière,
l’actuel étant trop
exiguë ». L’Abbé Rivière,
curé de Labbeville, déclare :
“il y
a urgence à
déplacer le cimetière
actuel, beaucoup trop restreint
et d’un terrain
trop mouvant, et
que le cimetière
projeté se trouve
à une distance convenable
de l’église, et que le
sol en est
plus solide. Nous considérons comme une
chose urgente pour
la commune la
suppression du cimetière
actuel placé au
centre du village, et
tellement restreint que
les inhumations peuvent
se faire que
dans une étendue
de quatre ares environ . De
plus, la rue
qui longe le
cimetière n’a pas
plus de trois
mètres de largeur,
et comme elle
est comprise dans
le tracé du
chemin d’intérêt commun
n°64 et qu’elle ne
peut recevoir son
élargissement qu’en prenant
une partie du
cimetière, c’est, à notre
avis, un second
motif pour adopter
la suppression proposée,“. Le cimetière sera
déplacé en 1870.
Suite à la loi de 1905, un inventaire
des biens de
la fabrique de
l’église de Labbeville sera
dressé le 6 mars
1906, par Paul
Géminard, percepteur à Nesles la Vallée, en
présence de Mézières, desservant
de la paroisse,
Bastard, trésorier de la
fabrique, Pichot, président
du bureau des Marguilliers
et Piedeleu, maire.
« Le soussigné
prêtre desservant de la paroisse
de Labbeville a
protesté contre l’opération
de cet inventaire comme
attentatoire aux droits
de l’Eglise et
aux droits de la
conscience des catholiques de la paroisse.
Il a en
outre protesté contre
l’illégalité par laquelle
M. le Percepteur a
été chargé de
cette opération en
lieu et place
d’un agent de
l’enregistrement, comme la loi
en avait décidé
d’abord ».
Par décret du 9 juin 1910, les
biens de la
fabrique de Labbeville, séquestrés depuis le 14 décembre
1906 sont attribués
au bureau de
bienfaisance de la
commune, auquel ils seront remis le 21 janvier 1911.
Le bâtiment est inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments
Historiques (ISMH) depuis le 16 juin 1926, ce qui nous apporte quelques
avantages, mais aussi quelques contraintes.
Notre église traversera sans dommage la 1ère guerre
mondiale, mais subira des dégâts en 1944. Le 30 août, en partant, les Allemands
font exploser un dépôt de munitions situé près de l’église, causant des
dommages à la toiture et aux vitraux : 2
sont complètement détruits et 6 endommagés.
Voilà, très brièvement résumé, presque un millénaire de l’histoire de
notre église Saint Martin, indissociable de celle de notre village. Toutefois,
une constante se dégage : la volonté de nos prédécesseurs de maintenir
notre église dans le meilleur état possible, voire de la sauver lorsque le besoin
s’en est fait sentir.
Devions faire moins ? vos élus ont répondu non et ont décidé
d’assumer les travaux nécessaires et de s’en donner les moyens.
Les travaux en cours :
Sans entrer dans le détail des
postes, il s’agit d’une opération d’envergure qui concerne tout à la fois
l’intérieur et l’extérieur de l’édifice. Il porte :
–
sur les murs de la nef et du clocher
–
la charpente
–
le parquet de la chapelle
–
la restauration des voûtes et de la fausse voûte
–
celle des décors peints et des sculptures
–
les échafaudages nécessaires
Le financement :
Le budget nécessaire est à la
hauteur : actuellement 524.000€ HT financés à plus de 81% par des
subventions notifiées de la DRAC (148.713€) de la REGION Ile-de-France
(148.000€) et du Département (111.000€). Ces financements, qui dépendent de
différents dispositifs, sont complétés par un prêt bancaire) de 150.000€,
remboursables en 20 ans. Autorisé par la Direction Départementale des Finances
Publiques, ce concours nous a été accordé par la Caisse d’Epargne au taux fixe
de 0,77% l’an. Précisons que le Préfet nous a autorisés à percevoir plus de 80%
de subventions (privilège de l’inscription à l’ISMH).
Christian Dumet